11è REI
Aujourd'hui, ma base de données comporte plus de 2080 légionnaires dont le nom est associé au 11è REI par au moins une source. Il peut s'agir de listes officielles, d'archives, de mentions dans des livres ou de souvenirs de famille...
Pour certains d'entre eux, le lien avec le 11è REI n'est pas évident au premier abord. Ma base est donc enrichie par des légionnaires dont le nom est pourtant associé à un autre régiment.
J'explique avec quelques exemples, ci-dessous, comment j'ai procédé.
J’ai retenu quelques légionnaires qui sont renseignés comme appartenant au 2è REI sur le site MDH (mémoire des hommes). J’explique mon choix de la façon suivante :
- Un problème de typographie: la touche du chiffre "1" n'existait pas sur toutes les machines à écrire ; les lettres "i" majuscules ou "l" minuscules étaient utilisées à la place du "1". Cela a probablement généré un problème d'interprétation pour les personnes qui ont saisies les informations dans les bases de données MDH, car elles ont pu tout simplement penser qu'il s'agissait de chiffres romains et le traduire en "2".
Ci-dessus tous les "1" sont remplacés par des "i" majuscules.
En 1940, le 2è REI est au Maroc et n’a pas combattu en France. Des éléments du 2è REI sont envoyés en France pour contribuer à la formation des 11e et 12e R.E.I. ainsi que des régiments de volontaires étrangers (R.M.V.E.) et de la 13e D.B.L.E..
En recoupant les dates et lieux de décès, des légionnaires du « 2è REI » morts pour la France, on peut en déduire que les légionnaires suivants appartenaient en réalité au 11è REI:
- Adrien LEONARD, Mort pour la France le 24/05/1940 (Mouzay, 55 - Meuse)
- Koeff MINTCHO, Mort pour la France le 20/06/1940 (Ourches, 55 - Meuse)
- René François SERMET, Mort pour la France le 19/05/1940 (Inor, 55 - Meuse)
- Stanislas BUDZIOCH, Mort pour la France le 17/06/1940 (Vadonville - Meuse)
- reste douteux le cas du caporal chef René THALMANN, mort en 1941 à Nancy.
Pour LANUZA Gimeno Fulgencio (mort le 21/07/1940 à Chateauroux), MARTINEL Nicolas (mort le 22/01/1940 dans la Marne), MINSTER Henri (mort à Castelnaudary), GOURDY Jean Louis (mort le 15/06/1941 à Limoges), les dates et lieux de décès ne permettent pas de lever le doute.
Dans la base des EVDG, les documents ont été numérisés, pour vérifier il suffit de regarder les images. Si le chiffre « 1 » n’est pas utilisé, il faut lire 11è REI pour IIè REI!
Exemple ci-dessous avec Ast Henri.
Le chiffre "1" est remplacé par le "i" majuscule
Confusion avec le 9è REI ou le 11è RIF:
Le 9è REI et le 11è RIF (régiment d'infanterie de forteresse) sont des régiments qui n’ont pas existés.
Pour le 9è REI, je pense a une inversion de chiffres romains: XI pour 11 et IX pour 9 !
J'ajoute à ma base:
- WEJNER Anton, Mort pour la France le 18/06/1940 à St Germain sur Meuse. (Appartenance confirmée dans le livre de Roger Bruge)
Dans les listes de prisonniers, j'en trouve deux qui donnent pour régiment le 9è REI ou 9è Etr. Pour le moment, je ne sais pas s'il y a un lien avec le XIè REI.
L'exemple d'Etienne Bedrossian:
- c'est un engagé volontaire pour la durée de la guerre. Dans la base des décédés pendant la Seconde Guerre mondiale il appartient bien au "11e Regt étranger inf.".
Dans la base des sépultures, il est indiqué 11è RIF et dans les listes des prisonniers et sur son acte de décès il est indiqué 11è RI!
Un dernier exemple avec Joseph Benet Serado qui est inscrit sur le site mémoire des hommes comme décédé à Montauban en juillet 1945 (il n'a pas la mention mort pour la France). Il aurait appartenu au "11 e Gr d'Inf Etrangère". Cette unité ne me dit rien, il pourrait peut être s'agir du 11è REI et d'un légionnaire longuement hospitalisé.
Confusion avec le 11è RI (régiment d'infanterie):
Le 11e RI est formé le 9 septembre 1939 ; il est mis sur pied par le CMI 171 de Toulouse. Le 11è REI et le 11è RI sont dans le même secteur du 16 au 21 juin (combats dans la région de Vaucouleurs). Le 11è RI est capturé au bois du Feys près de Germiny le 21 juin 1940.
Sur le site MDH, je retiens comme appartenant au 11è REI et non au 11è RI :
- SMEJA Léon (confirmé par sa fiche matricule)
- DESMEDT Raymond (confirmé par un article de presse)
- LAMANT Arthur (confirmé liste de citation)
- GUTTE Adolf Auguste (mort à Saint Germain le 18 juin)
- DEVOS Josephus Renatus Léo (acte de décès)
- DIAZ Mariano (EVDG et décédé à Malandry)
- REWINSKI Calel
- à confirmer le belge BOUTERS Emile...
Dans les listes officielles des prisonniers, il y a quelques légionnaires à trouver parmi les hommes du 11è RI.
- J’ai systématiquement exclu les français nés dans les départements d’Occitanie qui ont logiquement été mobilisés au CMI 171.
- Pour les étrangers, il était tentant d’imaginer qu’ils étaient tous légionnaires. J’ai exclu les naturalisés d’avant 1939 qui auraient pu être domiciliés autour de Toulouse.
Exemple : Nicoletto (Jean), 1-10-10, Italie, 2è cl., 11è R.I. Nicoletto Giovanni a été naturalisé en 1936 et demeurait à Nérac (Lot et Garonne). Son affectation dans le 11è régiment d’infanterie peut paraître tout à fait logique.
- J’ai systématiquement retenu ceux qui ont contracté un engagement volontaire pour la durée de la guerre. En sachant, que j'avais déjà identifié des légionnaires d'actives avec le mauvais nom de régiment.
Bernard Marguilles alias Margulies adjudant au 11è REI. Il recevra la médaille militaire et la légion d'honneur.
Beas José, engagé à la Légion étrangère. Même nom et même date de naissance. Selon moi, il était bien au 11è REI.
Zucic ou Zugic Ignace. Indiqué au 11è RI dans les listes de prisonniers de guerre, mais son appartenance au 11è REI est confirmée par les meldung du Stalag IV et les archives Arolsen. Il est recensé comme "légionnaire du 11è RI"
La confusion existe également dans le Journal Officiel: Les erreurs dans les citations sont courantes, elles concernent le plus souvent l'orthographe du patronyme, le lieu des évènements et parfois le nom du régiment.
Journal officiel de la République française, 12 octobre 1941: DE CONTO (Emilio), soldat au 11e rég. d'infanterie: soldat courageux. Grièvement blessé par éclats d'obus, le 17 juin 1940, à son poste de combat, à Saint-Germain-en-Laye, a dû subir l'amputation de la jambe droite. Emilio De Conto, né en Suisse, contracte un engagement volontaire pour la durée de la guerre à Belfort le 4/9/1939. Je pense qu'il y a deux erreurs dans la citation. Le nom du régiment et le lieu de la blessure, je pense qu'il s'agit de Saint Germain Sur Meuse et non de Saint Germain en Laye.
EVDG à Belfort le 4/9/1939
Jean DUBRUS obtient une citation dans laquelle il est noté qu'il était au 11è RI. Son dossier de légionnaire (d'honneur) confirme qu'il était bien dans la Légion étrangère au 11è REI.
Pour Cyril de CONYNCK digne "descendants des légionnaires de Camerone" l'erreur concerne le nom du régiment mais il ne fait pas de doute qu'il faut comprendre 11è REI et non 11è régiment d'infanterie.
Pour Henri Bessière*, le cas reste douteux. Sa citation indique une blessure le 27 mai à Malmédy. Le problème c'est qu'à cette date le 11è RI est à Ste Menehould (Reims), et le 11è REI est à Inor. Il peut y avoir une erreur sur le nom de la ville car Malmédy est en Belgique. Pour le rapprocher du 11è REI, il faudrait plutôt lire Malandry. Je ne sais pas s'il y a un lien mais la citation au-dessus est celle de Geldoff Camille du 11è REI.
* Finalement, il appartenait bien au 11è régiment étranger d'infanterie puisqu'il obtient la Légion d’honneur pour sa blessure de guerre obtenu alors qu'il était soldat au 11è REI (JO du 04/08/1954).
Les listes de prisonniers:
Dans les listes des prisonniers, je trouve des légionnaires du 11è REI. Il faut regarder le nom du régiment (11è REI, 11è RIE) et ses variantes (11è RI, 11è RIF, 9è REI…).
Le numéro du frontstalag est également un indice. Le 23 juin 1940, ce qu'il reste du régiment a été fait prisonnier vers Ochey, la plupart des légionnaires sont passés par le frontstalag 240 de Verdun et les officiers sont envoyés à Nancy.
A proximité, on trouve également des prisonniers au frontstalag 241 de Saint Mihiel, 161 à Nancy, 162 à Toul, 160 à Luneville, 120 à Mirecourt...
La liste du 25/11/1940, propose des prisonniers internés au frontstalag 240 sans indiquer le régiment. En recoupant les sources, je trouve de nouveaux légionnaires et complète l'état civil de certains (prénom et date de naissance):
- LIDON Camille dit René (confirmé fiche matricule)
- MEABURN Lionel Henri ( cité par le Lt Chevillotte)
- OBENAUS Othon Martin ( cité par René Luce Coupin)
- VOUKOVITCH/VONKOVITCH (cité par le Lt trimaille + liste de citation)
- WAEGEMAN/WAEGEMANN Raphaël (Témoignage Lt Trimaille: évadé au 2è REI)
- CORNETA Sebastien (EVDG)
- GELBMANN Joseph (EVDG)
- peut être BES Paul qui pourrait correspondre au 1ère classe BES cité par le Lt Chevillotte
Dans les listes de prisonniers, on trouve également des légionnaires appartenant à des régiments qui n'étaient pas en France en 1940. Dans ce cas, il est difficile de savoir dans quelle formation ils étaient (11è et 12è REI, 21è, 22è et 23è RMVE). Quand le frontstalag est indiqué cela peut donner des indices et permet d'exclure du 11è REI certains noms.
Par exemple, le prisonnier Garia Edouardo indique comme unité le 1er REI et a été interné dans le frontstalag 192 (Laon). Je pense qu'il aurait plutôt sa place dans le 12è REI ou le 22è RMVE.
Cyril de Coninck prisonnier qui indique comme unité le 4è REI, a pourtant reçu la médaille militaire avec le 11è REI.
La gestion des doublons et des homonymes:
Hormis pour le site MDH et les listes de prisonniers, il est relativement rare d'avoir d'autres informations que le grade et le nom de famille des légionnaires. Il n'est donc pas impossible qu'il y ait des doublons dans ma liste. J'ai tenté d'en rapprocher certains, en sachant qu'il y a toujours un risque que plusieurs légionnaires soient des homonymes. et que ma méthode est plus intuitive que "scientifique".
Exemple de Borovicki et Borowieki:
Le premier est cité dans une lettre du lieutenant Drouineau, le deuxième dans les listes de prisonniers (un EVDG identifié dans le 11è RI). Il pourrait bien s'agir du même légionnaire; le patronyme Borovicki est très peu présent sur les sites de généalogie et il est possible que le lieutenant Drouineau ait écrit en phonétique.
Exemple de Deschamps sergent chef radio cassé de son grade mort au mois de mai, cité par René Luce Coupin.
Je trouve un 1ère classe Deschamps Albert fait prisonnier au mois de juin. Le seul qui pourrait correspondre est Dichamp Emile mort le 27 mai 1940. Bien que le patronyme soit différent, c'est celui qui correspond le mieux au récit de René Coupin.
Je propose pour certains légionnaires un prénom, une date et un lieu de naissance. Mes propositions sont issues de déductions et concernent généralement des légionnaires qui ont un patronyme peu répandu.
Par exemple, le sergent Jolyvan est cité dans la revue du régiment comme un ancien "boujadi" de 48 ans. Je trouve dans le journal officiel un sergent Jolyvan Michel né en 1891 et naturalisé en 1939.
Roger Bruge cite les 3 chefs de section Liebuda, Buschaus et Sigenthaler.
Je pense qu'il s'agit de LIBUDA Léon (sergent-chef en 1938), BUSCHHAUS Erich (sergent chef en 1938) et SIEGENTHALER Adolf.
Les bizarreries:
Je trouve aussi quelques bizarreries et informations contradictoires.
Par exemple, dans les listes des morts pour la France, je trouve sur le site MDH appartenant au XIè REI:
- AMSEL Maurice, mort le 27/06/1940 à Soissons
- STETKA Vaclan, mort le 15/06/1940 à Laon
Ces deux légionnaires sont morts dans une zone éloignée des positions du 11è REI. Par contre, le 12è REI se trouve dans l'Aisne. On peut imaginer, qu'ils ont fait parti du contingent de 30 sous-officiers parti du 11è REI le 12 février 1940 pour aller encadrer le 12è REI ou qu'ils sont décédés dans une formation sanitaire du département de l'Aisne.
Pour d'autres, il s'agit d'imprécisions dans les récits et souvenirs de famille:
- KURASZEWSKY Wladislas: Roger Bruge, rapporte les circonstances de sa mort: "Les rescapés dégagent trois FM des décombres d'où ils retirent en même temps les cinq corps. L'un d'eux vit encore, c'est Libigoski. Transpercé de part en part, dit Collin, il saigne de partout. Il réclame l'infirmier et demande à boire. L'officier lui passe son bidon, mais le légionnaire est grièvement atteint et meurt un instant plus tard. Son frère, engagé à la Légion sous le nom de Kurasewki, a été tué par le même obus. Coïncidence extraordinaire: parmi les cinq morts , il y a encore deux frères, les Wejner. Avec le dernier tué, Jurkiewicz, commente Collin, nous perdons là cinq légionnaires d'élite."
Les souvenirs du lieutenant Collin ne collent pas avec les informations du site mémoire des hommes et du JO pour l'attribution de la médaille militaire à titre posthume. Dans ces deux dernières sources, Wladislas Kuraszewki fait parti du 1er régiment d'infanterie coloniale. Même si ce cas est intrigant, je préfère retenir les engagements des deux frères dans la Légion et les souvenirs du lieutenant. On notera au passage, que les noms des frères sont mal orthographiés sur le monument aux morts de la ville de Survilliers.
En conclusion, ma liste comporte encore des erreurs ou des imprécisions que je corrige au fur et à mesure. Il convient aussi de ne pas écarter trop vite des informations qui à première vue ne semblent pas correspondre au 11è Régiment étranger d'infanterie.