ENTRE LOS MUROS DEL OLVIDO, Ramón García Martínez, esperanza y superación tras sobrevivir a los 186 escalones del campo de mauthausen (Juan de Sola)
11è REI, EVDG, mineur westphalien
Rodolphe Szkutek (variante Skutek, Skuteck), de nationalité polonaise, est né le 30 septembre 1915 en Allemagne, à Lindfort.
Il est le fils d’André Szkutek, né en Autriche le 1er septembre 1867 et décédé le 10 octobre 1929 à Freyming (Moselle), et de Pauline Sator, née en 1882, domiciliée à Creutzwald (Moselle), remariée en 1934 avec Nicolas Bourg et devenue française par mariage. Il appartient à une fratrie de quatre enfants : Catherine (née en 1910), Rodolphe (1915), Adolphe (né en 1918 à Hüls, boucher à Freyming) et Rose (née en 1922, mariée Ledig, domiciliée à L’Hôpital).
Après un séjour à Brambauer, dans le bassin houiller de la Ruhr (Allemagne), la famille s’installe en France en 1920, dans le bassin minier lorrain. Comme de nombreux mineurs polonais passés par la Ruhr/Westphalie — où ils acquièrent la qualification de « mineurs westphaliens » — le père de Rodolphe travaille comme mineur.
La famille réside successivement dans des cités minières:
colonie de Freyming, appelée ensuite cité Sainte-Barbe à Merlebach (1920–1922),
cité cuvelette à Freyming (1922–1932) et Carling (1932–1934),
Puis Rodolphe s’installe lui-même cité Bois Richard à L’Hôpital (1934–1939).
Quatre coupures de presse des années 1920 donnent un éclairage ponctuel sur la famille Szkutek.
En août 1923, un avis de disparition paru dans Le Lorrain signale la jeune Catherine, 10 ans, fille du mineur André Szkutek, portée disparue à Merlebach. Le 28 novembre et le 31 décembre, la famille passe deux nouvelles annonces adns les journaux pour espérer avoir des renseignements.
En octobre 1926, un fait divers rapporte qu’un mineur de Freyming surprend trois écoliers, dont “Skudek Rodolphe, 11 ans”, en train de voler des pommes de terre près du puits Reumaux.
Enfin, en mars 1928, un journal de Metz mentionne une jeune polonaise de 19 ans nommée Catherine Skutek, sans domicile, poursuivie pour un vol d’argent ; l’orthographe du patronyme et le prénom invitent à la rapprocher de la soeur de Rodolphe.
Rodolphe Szkutek commence à travailler dès l’âge de 14 ans, en 1929, comme ouvrier mineur aux Houillères de Merlebach (Moselle) de la société Sarre et Moselle.
Il épouse, le 8 avril 1935 à L’Hôpital (Moselle), Edith Frieda Antoine, née le 30 avril 1912 à L’Hôpital, de nationalité française, qui conserve sa nationalité. Quatre enfants naissent de ce mariage : Gilbert (1936), Marcel (1938), Renate (1939) et Claude (1943).
Lors de la mobilisation de septembre 1939, Rodolphe Szkutek, mineur polonais domicilié à L’Hôpital, se porte volontaire pour la Légion étrangère au bureau de recrutement de Nancy. Il est inscrit sous le numéro matricule 773. Engagé volontaire « pour la durée de la guerre » le 18 septembre 1939, il est incorporé à la Légion étrangère ; son service est compté rétroactivement à partir du 19 août 1939.
Il rejoint le dépôt de Sathonay le 20 septembre 1939, puis est affecté à la 9e compagnie du 11e régiment étranger d’infanterie (11e REI) le 24 novembre 1939, compagnie dans laquelle il sert pendant toute la campagne de France.
Le 11e REI, formé au camp de La Valbonne (Ain) et rattaché à la 6e armée, est engagé en mai–juin 1940 dans les combats de la campagne de France, subissant de lourdes pertes dans le secteur d’Inor (Meuse).
C’est là que Rodolphe Szkutek se distingue, il est cité à l’ordre de la division par l’ordre général n° 38 de la 15e division militaire, signé à Marseille le 23 novembre 1940 par le général de corps d’armée Dentz, commandant la XVe région militaire. " Soldat courageux lors de la contre-attaque d’un bois aux environs de Montmédy, ayant plus de la moitié de ses compagnons hors de combat, a continué vaillamment à tirer et à se porter en avant jusqu’à ce qu’il soit blessé lui-même. " Cette citation lui vaut la Croix de guerre 1939–1940 avec étoile d’argent.
Après la défaite, Rodolphe Szkutek est démobilisé le 22 octobre 1940 au centre de démobilisation du canton de Nîmes. Sa fiche de démobilisation mentionne qu’il se retire à Lhermet, par Auzon, en Haute-Loire.
Il revient ensuite en Moselle : à partir de mai 1945, il réside de nouveau à L’Hôpital, rue des Champs dans la cité Bois Richard.
Le 8 août 1947, la mairie de L’Hôpital délivre plusieurs copies certifiées conformes de ses pièces militaires (fiche de démobilisation, livret individuel) en vue de sa demande de naturalisation.
Un procès-verbal d’enquête, rédigé à L’Hôpital le 18 août 1947 par le maire, en application de l’article 16 du décret du 2 novembre 1945, rapporte l’audition de « M. Skutek Rodolphe, né le 30.9.1915 », portant sur son mode de vie, ses occupations, les milieux fréquentés, son degré d’instruction et les établissements scolaires fréquentés.
Le maire conclut que l’intéressé est « parfaitement assimilé par ses mœurs, son état d’esprit, ses sentiments », qu’il parle couramment le français, et signe le procès-verbal avec le cachet communal.
En mars 1948, Rodolphe Szkutek dépose officiellement une demande de naturalisation française auprès de la préfecture de la Moselle. Celle-ci saisit le ministère de la Justice le 17 mars 1948 (mention manuscrite : « urgent – ouvrier mineur ») afin d’obtenir un extrait de casier judiciaire. Rodolphe Szkutek bénéficie d’un examen prioritaire de sa demande de naturalisation, sa qualité de mineur de fond, indispensable à l’effort de reconstruction du pays après la guerre, étant expressément mise en avant par l’administration .
Le 24 mars 1948, le bulletin n° 2 est déclaré vierge. Le préfet souligne que Szkutek travaille dans les houillères lorraines depuis 1929, qu’il est réputé travailleur, sobre et consciencieux, très apprécié de ses chefs et de ses camarades ; son attitude politique est qualifiée de bonne, ses antécédents judiciaires inexistants et son loyalisme envers la France ne fait aucun doute.
Il est décrit comme parfaitement assimilé aux mœurs et coutumes françaises et parlant couramment la langue.
Compte tenu de son passé d’engagé volontaire de la Légion, de sa profession, de son mariage avec une Française et de ses quatre enfants français, le préfet estime, le 21 avril 1948, que sa naturalisation présente un intérêt pour l’économie nationale et pour la constitution d’une famille entièrement française.
Il émet un avis favorable, en proposant l’exonération des droits de sceau.
À cette occasion, il sollicite la possibilité de s'appeler à l'avenir « Scutec », la nouvelle graphie de son nom étant une proposition du ministère. Cette pratique était courante dans les procédures administratives françaises pour adapter les patronymes étrangers.
Sources:
AN Pierrefitte sur Seine, 19780031/197 (consulté)
Journal Officiel du 26/06/1941 page CG 170