11è REI
Afin de mieux connaître les légionnaires du 11e REI, les recherches sur les sites de généalogie se révèlent particulièrement utiles. Avec un peu de chance, cela permet de prendre contact avec leurs descendants et d'en apprendre davantage sur eux grâce à la mémoire familiale. Il devient alors possible de découvrir leur visage et d'en savoir plus sur leur parcours avant et après leur passage au 11e REI.
J'ai dû mener une petite enquête en partant d'une liste des légionnaires de la 5e compagnie, établie par le lieutenant Chevillotte, dans laquelle figure le sergent-chef SANGEORGES.
Dans les listes des prisonniers, aucun nom correspondant à celui de SANGEORGES n'apparaissait. En me basant sur l'hypothèse que le nom avait peut-être été écrit en phonétique et sachant que de nombreux Espagnols étaient engagés dans ce régiment, j'ai tenté une recherche sous le nom de SAN JORGE.
J'ai alors trouvé, dans les journaux officiels, un Alfonso Sanjorge, sergent au 4e REI, naturalisé en 1939.
Pour confirmer l'hypothèse que Sangeorges et Alfonso Sanjorge étaient la même personne, il ne me restait plus qu'à trouver un descendant ! Il se trouve qu'un neveu d'Alfonso l'avait inscrit dans son arbre généalogique sur un site spécialisé. De fil en aiguille, j'ai pu prendre contact avec Jean-Marie, le fils d'Alfonso Sanjorge.
Je tiens à le remercier ici pour m'avoir transmis des informations, des photos et des documents concernant son père.
Alfonso Mariano SANJORGE est né le 10 mai 1907 à Tarragone, en Espagne. Il est le fils de José Sanjorge Arosa, ancien militaire de l'armée espagnole, et de Maria Avistu.
Alphonse s'engage en 1932 pour cinq ans dans la Légion étrangère, à l'intendance militaire de Montpellier. Il semble que cet engagement soit lié à un mariage, contracté en 1928, qui avait provoqué un désaccord avec sa famille et abouti à un départ pour l'Argentine.
Alphonse est naturalisé français le 29 juin 1939. Il est alors marié avec Lucie Claire Segura depuis le 13 août 1938. (Cette union ne résistera pas à la longue captivité d'Alphonse.)
Affecté au 4e REI, il fait partie des volontaires pour constituer le 11e REI. Il participe à la campagne de 1940 au sein de la 5e compagnie, où il occupe les fonctions de comptable, et est fait prisonnier en juin 1940.
Il est interné successivement au Stalag XI-A à Altengrabow, puis au Stalag XI-B à Fallingbostel. Début 1942, face à la multiplication des évasions et aux désagréments qu'elles entraînaient, les Allemands décidèrent d'envoyer les prisonniers récidivistes, qu'ils qualifièrent de « terroristes », dans des camps de représailles d'où « ils ne devaient pas revenir ». Alphonse est déporté au camp 325 à Rawa-Ruska jusqu'à sa fermeture le 28 janvier 1943. Dans ce camp, se trouvait également Philippe Jagerschmidt, médecin du 11e REI.
Il est ensuite transféré au Stalag V-C à Offenburg, où il reste jusqu'à sa libération par les troupes françaises le 24 avril 1945.
Après sa libération, Alphonse Sanjorge reste en Allemagne jusqu'au 15 mai 1945, où il occupe les fonctions de représentant français dans le village allemand de Hornberg, en Forêt-Noire.
Ci contre une lettre du colonel Robert adressée à Alphonse Sanjorge
Après son rapatriement, il se réengage à la Légion étrangère jusqu'en 1957. En 1951, alors qu'il se trouve en Indochine, il se remarie avec Evelyne Lauze. Ce mariage par procuration est célébré à la mairie d'Oran.
De cette union, qui durera jusqu'à la fin de sa vie, naîtra en 1953 son fils, Jean-Marie.
Commentaires
SANJORGE Jean-Marie 07-01-2020 10:23
Je voudrais tout d'abord remercier Mme Zigrand pour le travail effectué sur les traces de son grand-père et pour son souci d'élargir sans cesse le champ de sa recherche, ce qui nous a permis d'échanger à propos de mon père.
Concernant l'épopée du 11ème REI, il est peut-être utile de signaler quelques références traitant de la riche histoire de ce régiment :
- "Les combattants du 18 juin" de Roger Bruge (ed Fayard 1990), ouvrage dans lequel les chapitres XXII et XXIII sont intégralement consacrés au "11". Le régiment est également cité dans les pages 26, 28, 29, 33, 34, 170, 178, 469, 470, 474, 476, 481, 482 ainsi que sur la carte de la p. 501.
- "Vainqueurs quand même" de René-Luce Coupin (ed des écrivains 2000) qui est le témoignage d'un participant.
- "Sous la grenade à sept flammes" de Georges Manue (ed Sequana 1941). Récit à partir des notes d'un participant.
- "Le régiment des fortes têtes" d'Alain Valognes (ed Universelles 1946) qui est un roman inspiré des faits.
- Les "souvenirs du colonel Maire", recueillis par JP Dorian et réédités en 1947 chez Albin Michel sont issus d'une première impression de 1939 et ne traitent donc pas de la campagne de France.
- A noter la bande dessinée "La Légion" par P. Glogowski et M. Puisaye (ed du Triomphe 2003) dans le volume consacré à la période 1919-1945 (intitulé "Bir-Hakeim") qui évoque le 11ème REI dans ses pages 17, 20 et 21.