11è REI
Николай Иванович Раевский
Nikolai Ivanovich Raevsky est né le 4 juillet 1909 à Nikitzkoie. Issu de la noblesse russe francophile, il s'engage dans la Légion étrangère de 1928 à 1946.
Ivan Raevski
Dmitri Filosofov
Elena
les grands parents
Ivan Ivanovitch Иван Иванович Раевский (1835-1891)
Elena Pavlovna Evreïnova Елена Павловна Евреинова
Propriétaires fonciers et amis de Léon Tolstoï, ils ont ouvert des cantines publiques pour lutter contre la grande famine de 1891. Après le décès d’Ivan Ivanovitch, Tolstoï a continué à vivre dans la maison des Raevsky pendant deux ans.
Dmitri Alekseevich Filosofov. Général de division, chef de la 1re brigade de la 3e division d'infanterie de la garde
Valentina Fiodorovna von der Baum
Léon Tolstoï entouré d'Ivan, Piort et Grigori Raevski
les parents
Ivan Ivanovitch Иван Иванович Раевский (1871-1930)
Anna Dmitrievna Filosofova Анна Дмитриевна Философова (1876-1919)
Artemy
Ivan
les frères et soeurs
Valentina Ivanovna Lesnova Валентина Ивановна Раевская 20/07/1898 ; épouse de Mikhaïl Ivanovitch Lesnov
Elena Елена Ивановна Раевская Gvozdeva 14/08/1900
Artemy Ivanovich Raevsky Артемий Иванович Раевский 14/09/1902 - 1952 à Londres. Célibataire et sans enfant. Arrêté en juin 1929 dans une affaire « d’organisation monarchiste contre-révolutionnaire », il est condamné à 5 ans de prison au camp spécial de Solovetsky. Libéré en 1931, il est placé sous la garde de sa sœur Elena à Moscou en 1934.
Anna Анна Ивановна Раевская Csse. Shuvalowa 28/04/1903 à Moscou - 1991 à Londres
Olga Ольга Ивановна Раевская 06/08/1904 - 1968 à Moscou
Ivan Ivanovich Raevsky Иван Иванович Раевский 29/12/1906 - 1948 à Moscou. Célibataire sans enfant
28 avril 1936 - après son retour en Russie, il est emmené à Léningrad et en mai, emprisonné dans la DPZ. Il est libéré à la demande de la Pompolite (croix rouge politique) . Il meurt en Russie en 1947
Piotr
Valentina
Grigori
les oncles et cousins
Piotr Raevski (1872-1920) médecin. À l’automne 1919, il est arrêté à Toula pour « liens avec une organisation contre-révolutionnaire » et placé en détention. Il est libéré à la demande des médecins, qui le placent en liberté sous caution. En octobre 1919, il est envoyé dans le district de Bogoroditsky pour servir comme chef du poste de premiers secours Baryatinsky de l'Armée rouge. Il meurt du typhus le 28 août 1920
Eléna En 1937, elle est exilée avec sa mère dans le village de Mouromtsevo, dans la région d'Omsk.
Sergueï (1907-2004) en 1935, il est condamné pour activités contre-révolutionnaires à 5 ans d'emprisonnement dans le camp de concentration d'Ukhta. Libéré en 1939. En 1943 il est arrêté, et condamné à 10 ans de camp de travail et envoyé à Vorkutlag. En 1956, il est libéré du camp et retourne à Moscou.
Mikhaïl: en 1942 arrestation et condamnation à 10 ans de prison (décédé dans le camp le 28 août 1944).
Grigori Raevski (1875-1901)
Valentina Dmitrievna Filosofova Валентина Дмитриевна Философова (soeur de sa mère). Chanteuse (mezzo-soprano), première interprète de plusieurs chansons de Nikolai Karlovich Medtner
Après la Révolution de 1917, la famille Raevski continue de vivre sur son domaine familial à Gaï pendant près de cinq années. Ils cultivent leur propre terre et, une fois les récoltes terminées, les frères et sœurs enseignent à l'école du village.
À partir de 1921, le père, Ivan, s’installe à Rybinsk avec Anna et Ivan (le fils cadet). À l'automne 1922, la famille commence à préparer son départ pour Moscou. Valentina Dmitrievna Filosofova, tante de Nicolas Raevski, part la première, accompagnée de celui-ci. Elle s'installe boulevard Novinsky, dans l'ancien hôtel particulier du prince Gagarine.
Artemy, le frère aîné de Nicolas, arrive à Moscou dès 1921, mais il est arrêté en septembre de la même année et interrogé par la Tchéka. De son côté, Valentina Dmitrievna, ancienne chanteuse réputée, trouve un emploi de professeur de chant. L’un de ses élèves, Mikhaïl Ivanovitch Lesnov, tombe amoureux de Valentina Raevskaïa (sœur de Nicolas) et l’épouse en 1923.
Durant l'été 1923, le reste de la famille déménage progressivement à Moscou. À la fin de l'année, Artemy trouve un emploi à la Mission Nansen, ce qui permet de subvenir aux besoins de la famille.
En 1924, il est décidé que Nicolas Raevski partira pour Paris avec sa tante Valentina Dmitrievna. Sa sœur Valentina, accompagnée de son mari Mikhaïl Lesnov, ainsi que son frère Ivan et sa sœur Anna, rejoignent également l’exil. Son père Ivan, son frère Artemy, et ses deux sœurs Elena et Olga, quant à eux, choisissent de rester à Moscou.
Les familles Raevski et Filosofova conservent des intérêts en France. L’arrière-grand-mère de Nicolas, Anna Grigorievna, est décédée à Chaville en 1892. Deux tableaux de Jean Siméon Chardin ayant appartenu aux Raevski sont vendus à Paris, ce qui permet à Valentina Dmitrievna de s’installer en France avec ses neveux et nièces.
En France, sa sœur Valentina s’établit à Granville, tandis que son frère Ivan habite Paris entre 1926 et 1936. Nicolas, quant à lui, est élève au collège Lafayette à Chavaniac (Haute-Loire) en 1926 et 1927. Ce château, acquis par des Américains, accueille depuis 1917 des orphelins de guerre français ainsi que de jeunes exilés polonais, russes et italiens. Sa sœur Anna se marie en Angleterre en 1933.
Pendant ce temps, en Russie :
En juin 1929, Artemy est de nouveau arrêté et condamné à cinq ans de prison au camp de Solovki. Libéré en 1932, il rejoint Paris en 1933. En 1940, il s’installe en Angleterre auprès de sa sœur Anna.
Elena se marie en 1928 avec Alexeï Alekseïevitch Gvozdev.
Leur père, Ivan, gravement malade, décède en 1931 à Moscou.
Seul leur frère Ivan retourne en Russie en 1936. Arrêté le 28 avril, il est transféré à Léningrad en détention provisoire, puis libéré grâce à l'intervention de la Croix-Rouge politique.
Nicolas Raiewski s’engage dans la Légion étrangère en 1928. Selon certaines sources, sa tante Valentina aurait tenté de le convaincre de revenir lorsqu’il était au Maroc.
Le 5 juin 1928, il arrive en Algérie et est affecté au 1er Régiment Étranger d’Infanterie (REI). Un an plus tard, il gravit rapidement les échelons : caporal, puis caporal-chef, et enfin sergent le 1er avril 1930. Il passe son premier contrat au 1er REI, où il semble avoir été instructeur à la Compagnie d’Instruction des Cadres (CIC). En 1930, il effectue un stage colombophile. Le 13 juin 1933, il profite d’une permission de 30 jours qu’il passe à Donville-les-Bains et Paris.
Le 22 novembre 1933, il est transféré au 2e REI, où il est d'abord affecté à la 11e compagnie, puis à la Compagnie Hors Rang (CHR). Le 28 février 1934, il participe au combat de Tazalaght contre les Aït Abdallah. Sa bravoure lui vaut la Médaille coloniale avec agrafe "Maroc", obtenue par décret le 20 avril 1935 (brevet n° 535 629).
Le 30 avril 1936, Nicolas Raiewski est promu sergent-chef. En tant que chef comptable à la CHR, il se distingue par ses performances exemplaires, recevant des appréciations élogieuses de ses supérieurs. Ses rapports pour 1938, signés par le commandant Pourcin, sont particulièrement remarquables :
"Excellent sous-officier, très bon instructeur, intelligent, actif, énergique dans son commandement. Instruit des règlements militaires. Perfectionne continuellement son instruction générale déjà très avancée. Excellent comptable, travailleur, consciencieux, dévoué et ponctuel. Possède de réelles qualités de jugement, d'ordre et de méthode. Conduite, tenue et moralité : parfaite. Sous-officier complet, très au-dessus de la moyenne. À suivre et à pousser de manière toute particulière."
"Auxiliaire très précieux qui mérite toujours les mêmes excellentes notes. Il dépense sans compter pour assurer son service particulièrement chargé. Le sergent-chef Raiewski a été et reste un sous-officier de choix, de haute valeur morale, qui ne mérite que des éloges."
En parallèle, il prépare et obtient avec succès son brevet de chef de section de fusiliers-voltigeurs, tout en poursuivant ses fonctions de chef comptable. Ces performances le mènent à être inscrit au tableau d’avancement pour le grade d’adjudant.
Naturalisé français en 1937, Nicolas Raiewski obtient son brevet de chef de section le 24 avril 1939. Il est promu adjudant le 1er juillet 1939. Un mois plus tard, il est intégré au corps des sous-officiers de carrière et occupe alors les fonctions d’adjoint de bataillon au 2e REI.
Le 22 octobre 1939, Nicolas Raiewski est désigné en renfort du 11e Régiment Étranger d’Infanterie (REI). Il est nommé chef de section d’État-Major du régiment et se distingue par sa méthode et son efficacité dans l’organisation des Détails sous les ordres du Colonel Maire, à partir de moyens limités.
En avril 1940, il exprime au chef de corps son souhait d’être affecté comme chef de section de fusiliers-voltigeurs. Le 31 mai 1940, il est transféré à la 3e compagnie d’appui (CA3). Dès le 1er juin 1940, il est promu sous-lieutenant d’active à titre temporaire. Peu après, le 5 juin 1940, il est affecté à la 10e compagnie, où il reçoit la mission délicate de mener des actions retardatrices pendant la longue et éprouvante retraite dans la Meuse.
Le 23 juin 1940, Nicolas Raiewski est fait prisonnier à Ochey, avec le reste de son régiment. Il est interné successivement à l’Oflag VI A, où il porte le numéro de prisonnier 3988, puis à l’Oflag IV D.
Pour ses actions lors des combats de juin 1940, il obtient une citation à l’ordre de la division :
RAIEWSKI Nicolas, Aspirant au 2e Régiment Étranger d’Infanterie
"Jeune officier qui, dans les combats de juin 1940, a donné toute sa mesure. D'une audace réfléchie, sans cesse soucieux de la vie de ses hommes que son exemple entraîne à tous les sacrifices. A réussi, malgré des bombardements sévères et un ennemi mordant, à le tenir en échec et à décrocher avec tout son personnel, son matériel et ses blessés : le 18 juin 1940 depuis la tête de pont d’Ugny-sur-Meuse, le 19 juin depuis la ferme des Quatre Veaux, et le 20 juin depuis Blénod-lès-Toul."
Durant toute sa captivité, le lieutenant Raiewski n’a fait l’objet d’aucun reproche concernant sa conduite. À ma connaissance, il n’a jamais accepté la moindre proposition de la part des Allemands, n’a jamais cherché à les rencontrer, et a conservé à leur égard une attitude digne et irréprochable.
En captivité, le lieutenant Raiewski a fourni un important travail personnel pour approfondir et élargir son instruction générale, notamment dans le domaine des lettres. En 1943-1944, il a animé un cycle de conférences philosophiques, littéraires et religieuses sur l’Orient et la Russie à l’université du camp. Ses interventions ont rencontré un grand succès, aussi bien auprès du corps professoral spécialisé que de son auditoire.
Signé : Colonel Clément.
Pendant sa détention, Nicolas Raiewski est promu au grade de lieutenant à titre temporaire. Le 20 décembre 1944, il est transféré à l’Oflag VI D, puis au camp de Zeiten. Les prisonniers de ce camp sont libérés par l’armée russe le 22 avril 1945, mais Raiewski est envoyé en Russie avant de pouvoir rejoindre la France, ce qu’il ne fait que le 22 juillet 1945, par voie ferroviaire.
Le 21 août 1945, il est confirmé au grade de sous-lieutenant et, après une permission de 30 jours, il est affecté à la mission militaire des affaires allemandes à Vienne (CEV - Comité Exécutif de Vienne).
Le 25 septembre 1945, il est promu sous-lieutenant à titre définitif.
1945
Affecté au Commissariat Général aux Affaires Allemandes et Autrichiennes (CGAAA) en Autriche, il "rend les plus grands services dans son rôle d’officier de liaison auprès des troupes soviétiques. Son caractère ferme et courtois, ainsi que sa parfaite connaissance des hommes, sont remarquables. Très belle tenue."
1946
Il "sait prendre toutes les initiatives nécessaires sans jamais abuser. Réussit remarquablement tant comme officier adjoint que comme interprète de séance. Officier de premier plan, particulièrement apte à prendre la direction d’une section de liaison ou d’interprétariat."
Du 1er juillet au 1er septembre 1946, il est mis en non-activité et se retire à Donville-les-Bains. À sa demande, il est dégagé des cadres et placé en retraite en septembre 1946, tout en restant provisoirement intégré au CGAAA en Autriche, dans le cadre des officiers de réserve. À l’expiration de son contrat avec la Légion étrangère, il se voit proposer un poste d’administrateur à l’Institut Français de Vienne.
1952
Nicolas Raiewski est intégré dans le Corps des Interprètes Militaires par décret du 15 décembre 1952.
1955
En décembre, il est promu capitaine de réserve.
1967
En juillet, il est admis à l’honorariat de son grade et rayé des cadres des officiers de réserve.
Resté célibataire, il décède en 1989