11è REI
Léon Pellegrini est cité dans les listes de prisonnier, et la première chose qui m'a interpellé c'est sa date de naissance. Il est indiqué 1882... nous avons donc un (très) "vieux légionnaire", un ancien. A 57 ans, je me demande bien pourquoi il a été mobilisé.
En consultant son acte de naissance aux archives départementales du Doubs, il s'avère que Léon est né en 1887. Il n'a finalement que 52 ans à la mobilisation!
Sa fiche matricule, que l'on aurait attendue aux archives du Doubs dans la classe 1907, se trouve finalement dans celles du Territoire de Belfort.
Dans la partie état civil, il est précisé qu'il s'agit d'un enfant assisté du Doubs. Sa description physique et son niveau d'instruction sont masqués par une retombe.
Léon Pellegrini s'engage pour la première fois à la Légion étrangère le 3 décembre 1902, à l'âge de 15 ans. Il devient caporal en 1905. Il est libéré du service le 3 décembre 1907, et se retire dans le Doubs avec un certificat de bonne conduite.
En février 1908, il contracte un deuxième engagement sous sa véritable identité, puis un troisième de 5 ans en 1912. Il est promu adjudant en 1915. Il est détaché au 21e régiment d'infanterie et mis à la disposition du commissaire résident au Maroc pour l'encadrement des troupes auxiliaires marocaines. En 1919, il passe au 141e régiment d'infanterie, puis il est réintégré dans son corps d'origine.
Démobilisé le 15 décembre 1920, à l'âge de 33 ans, il a déjà 18 ans de service actif, deux blessures, quatre citations, la croix de guerre, la médaille militaire (1917), la médaille coloniale avec agrafe Algérie (1906), agrafe Sahara (1908), et la médaille commémorative du Maroc (1910).
Dans la revue Rouge Vert, écho des bouteillons du 11e régiment de Légion étrangère, tous les numéros commencent par un hommage aux aînés et aux traditions de la Légion. Dans le numéro 6 du 1er février 1940, un encart est consacré à la fidélité des légionnaires. Léon Pellegrini, bien qu'ayant dépassé la limite d'âge, s'engage à nouveau. Ses valeurs et son sens du devoir l'amènent à choisir de partir en première ligne.
Affecté à la 9e compagnie, il obtient une citation à l'ordre du régiment le 27 mai 1940 et est promu adjudant-chef le 1er juin 1940. Une seconde citation lui est attribuée le 26 juin 1940.
Fait prisonnier le 23 juin 1940, il est interné au Frontstalag de Saint-Mihiel puis à l'hôpital de Lunéville. Son statut d'ancien combattant de 1914-18 lui permet d'être libéré par les Allemands le 13 janvier 1941. Il se retire alors dans sa région.
En mai 1944, il est contacté par le capitaine Daniel Mercier alias Luc pour monter et former une section de résistance.
Sous le pseudonyme de "Pépé", il devient chef de section dans les FFI du Jura, district de Dôle - groupe Panthère, jusqu'au 13 septembre 1944. Il mène des missions de sabotage et réquisitionne du matériel. Après la libération de son secteur, il s'engage volontairement pour la durée de la guerre au 2e bataillon FFI du Jura.
Il est nommé sous-lieutenant le 1er septembre 1944. Libéré par la limite d'âge le 1er mars 1945, il obtient une dernière citation mettant en valeur sa longue carrière.
Dans son dossier FFI, Léon Pellegrini soumet plusieurs documents pour l'homologation de son grade FFI et la révision de sa pension. Dans une lettre manuscrite, il exprime son regret de ne pas avoir reçu la médaille de la Résistance, surtout qu'il n'a plus le certificat d'appartenance aux FFI. Il mentionne être inscrit au tableau 48 pour le titre de chevalier de la Légion d'Honneur : "Je suis navré de voir des gens qui portent la médaille de la Résistance et... Je n'en suis pas à une médaille près, j'en ai 'dix-sept', mais pour un vieux légionnaire, c'est notre gloire."
Bien que Léon Pellegrini soit le doyen* du 11e REI, il n'est pas le seul "vieux" du régiment. On trouve également le caporal Keurvel, engagé en 1906, et le "boujadi" Michel Jolyvan, âgé de 48 ans.
*En réalité, Léon Pellegrini n'est pas le plus âgé, car Henri Keurvels est né en 1883. Toutefois, il est le plus ancien engagé, car Keurvels ne rejoint la Légion qu'en 1906 !
Sources principales:
- Archives départementales du Territoire de Belfort, fiche matricule Cote 1 R 414
- Archives départementales du Doubs
- SHD Vincennes, Titres, homologations et services pour faits de résistance, dossier GR 16 P 463854
- Le Petit Parisien, 13 mars 1940
- Rouge Vert, écho des bouteillons du 11e Régt de Légion étrangère
Commentaires
Jean-Yves PELLEGRINI 09-11-2020 12:29
Merci de ces archives, découverte d'une partie de la vie de mon grand père.
Pellegrini patrick 09-11-2020 01:18
Merci pour toute cette documentation qui nous fait découvrir le passé militaire de notre grand père. Sa descendance est riche de nombreux militaires officiers et sous officiers de toutes les armes.