11è REI
LE MOINE Marcel Raymond Marie
- ( 01/10/1903 - Lorient - France)
- grade: capitaine (A)
- 1ère Cie puis muté adjudant major au 2è bataillon le 28/5/1940
- prisonnier liste du 27/09/1940 - rapatrié sanitaire
Sources complémentaires:
- Légion d'honneur
- Officier d'active au 4è REI en 1937 Annuaire des fonctionnaires et de l'armée
- Saint-Cyr 110è promotion du chevalier Bayard 1923-1925
- 1932 au 5 è REI lieutenant hors cadre service géographique (CHR). Annuaire administratif de l'Indochine (1932)
« Le nouveau capitaine-adjoint au chef de bataillon (Brochet, étant blessé a dû être remplacé) est très chic. Beau type d'officier d'active. Il s'appelle Lemoine, et vient du 1er bataillon. »
Capitaine Lanchon, lettre du 4 juin 1940
Eloge funèbre prononcé le jour des obsèques de Marcel Le Moine par son beau-frère et camarade de promo St Cyr.
Marcel Le Moine. Rappelé à Dieu le 10 août 1970.
Pour qui d’entre nous ce nom ne rappellera-t-il pas les jours heureux de notre triomphe lorsque parurent les caricatures de l’album de promo ? Qu’elles nous ont fait rire ! Et alors, beaucoup découvrirent en ce camarade à l’allure un peu dilettante, au-delà de son talent de dessinateur, la force d’un humour qui ne laissait rien échapper mais qui jamais ne griffait, car il haïssait la méchanceté – mieux, il ne la comprenait pas.
Sorti à Cambrai, au bataillon de commandement Alphonse Juin, il rejoignit rapidement la Légion étrangère où il devait servir treize ans. Il y adopta d’emblée un mode de commandement très « vieille France », alliant un comportement aristocratique à un souci constant de la vie quotidienne de ses hommes qui lui accordèrent, en retour, une estime et une fidélité qui ne se démentit jamais.
D’abord au Maroc puis en Indochine où il effectua deux longues missions topographiques extrêmement périlleuses chez les Moï insoumis qui ne l’acceptèrent parmi eux qu’à la condition d’y venir rigoureusement seul, à leur merci.
Puis l’Algérie, la campagne de 40 et les très durs combats du IIème Etranger. Fait prisonnier, il s’évada peu après et débarqua en zone libre dans un style bien à lui – non pas, ainsi que tant d’autres, en haillons et sous fausse barbe – mais tiré à quatre épingles, comme à son habitude et suivi de sa cantine, ayant embarbouillé les Allemands d’horrifique manière dans une inextricable histoire.
Affecté aux Affaires indigènes du Maroc, sa profonde connaissance de l’anglais le fit affecter à différents états-majors internationaux ou interalliés où ses qualités naturelles de relations publiques, sa loyauté et son extrême confiance transformèrent en amis des partenaires pointilleux et méfiants.
Une dure épreuve vint le frapper : l’aîné de ses six enfants, Alain, ingénieur agronome et sous-lieutenant de Spahis tombait au champ d’honneur en Algérie.
Ce Breton nomade avait fini par se fixer près d’Orléans dans une gentilhommière ancienne ouverte sur un parc magnifique remis en état de ses mains car, sur le tard, l’amour de la terre avait saisi l’artiste qui n’avait cessé de vivre en lui.
Ses enfants bien lancés dans la vie, il espérait n’avoir plus, aux côtés de sa femme, qu’à soigner ses fleurs et à classer les reliques d’une famille qui avait donné tant de bons serviteurs aux armées et aux flottes de la France sous tous les cieux du monde, quand se manifestèrent les prémisses d’un mal implacable.
Et ce furent deux ans d’une lutte acharnée : maintenant pour les siens malgré la lassitude puis l’épuisement puis la douleur lancinante, une façade d’activité et d’espérance ; puisant une rare force d’âme dans sa foi, dans la conscience d’une vie sans peur et sans reproche, dans le soutien constant d’une épouse au courage égal au sien.
Adieu, vieux frère – après tant de douleurs, tu as bien mérité le repos, toi qui ne laisse que regrets et que larmes chez tous ceux – familiers et compagnons – qui ont eu l’heureuse fortune de te connaître et de vivre auprès de toi.
Escolier.
Source:
- archives B. Le Moine
Commentaires
SCHERER 05-04-2021 03:46
Bonjour, et bravo pour votre site. Je reconstitue actuellement l'organigramme du 11° REI et il me semble que le capitaine Le Moine a été muté au 2°, et non 3° bataillon, le 28 mai comme capitaine adjudant-major à la suite du capitaine Brochet de Vaugrineuse, blessé le 27 mai 1940 au bois d’Inor.
Encore bravo, cordialement
Rémy SCHERER
Zede 05-04-2021 06:04
Bonjour,
Merci pour votre commentaire, l'erreur est corrigée!