11è REI, mort pour la France
Louis Charles Lanchon, né Lefebvre le 15 juillet 1897 à Paris. Incorporé en janvier 1916, il est envoyé au front dès le mois de juillet de la même année. Promu caporal en novembre 1916, puis sergent en mai 1917, il se distingue au combat et est désigné comme élève aspirant en novembre 1917, après avoir déjà obtenu quatre citations.
Le capitaine Lanchon sera tué au combat le 18 juin 1940 à Ourches-sur-Meuse pendant la Seconde Guerre mondiale.
À partir du 15 janvier 1918, Louis Lanchon rejoint le 1er Régiment de Marche de la Légion Étrangère (RMLE). Promu aspirant le 25 avril 1918, il est affecté aux armées dès le 18 juillet 1918.
En août 1918, sous le commandement du colonel Rollet, le RMLE retrouve sa pleine capacité avec 48 officiers et 2 540 légionnaires, renforcés par des recrues venues du dépôt de Lyon et des cadres en provenance du Maroc. Le 2 septembre, le régiment participe à l’assaut de la ligne Hindenburg près de Terny-Sorny. Cet affrontement, particulièrement violent, coûte au RMLE la moitié de ses effectifs : 275 morts, dont 10 officiers, et 1 118 blessés, dont 15 officiers.
Louis Lanchon est blessé et évacué le 3 septembre 1918, obtenant à cette occasion une cinquième citation pour son courage et son engagement au combat.
Après sa blessure, Louis Lanchon est pris en charge à l’hôpital auxiliaire n°227 à Paris du 4 septembre au 1er octobre 1918. Il rejoint ensuite le dépôt le 1er octobre et repart aux armées le 20 décembre 1918.
Promu sous-lieutenant de réserve à titre temporaire par décision ministérielle du 26 juin 1919, il est démobilisé et placé en congé illimité le 30 septembre 1919. À la suite d’un changement de résidence, il est affecté au dépôt démobilisateur du 1er régiment de zouaves le 19 octobre 1920.
Retourné à la vie civile, Louis Lanchon devient négociant. Le 20 janvier 1923, à 25 ans, il épouse Madeleine. Toujours actif en tant qu’officier de réserve, il est promu lieutenant à titre définitif par décret le 20 janvier 1925.
En 1928, il est rattaché au dépôt du 1er Régiment Étranger (RE) à La Valbonne et participe régulièrement à des périodes d’instruction à l’École de perfectionnement des officiers de réserve de Reuilly. Il maintient cette activité jusqu’en 1939.
Par décret du 10 juillet 1936, il est fait chevalier de la Légion d'honneur.
La même année, il est promu capitaine de réserve par décret (JO du 28 5 1936, il est au CMI 205)
Son dossier de légionnaire (d'honneur), contient une lettre manuscrite, datée de 1931, qui laisse entrevoir un peu de sa personnalité et notamment un certain sens de l'humour.
À la mobilisation de 1939, Louis Lanchon, ancien combattant de la Légion étrangère pendant la Première Guerre mondiale et officier de réserve, demande à intégrer une unité combattante, malgré ses 42 ans et sa situation familiale : il est père de huit enfants. Ses supérieurs, conscients de son âge et de ses responsabilités familiales, envisagent de l’affecter à la tête d’une section administrative. Cependant, Lanchon insiste pour être traité comme les autres officiers de son grade et demande un poste en première ligne.
Affecté au centre mobilisateur de La Valbonne, il rejoint le 11e Régiment Étranger d’Infanterie. Le 20 novembre 1939, le médecin-capitaine Blanc Perducet établit sa fiche médicale d’incorporation et le déclare apte au service armé. Louis Lanchon est alors désigné pour commander la 5e compagnie du régiment.
Du 20 mai au 10 juin 1940, Louis Lanchon entretient une correspondance presque quotidienne avec son épouse, dans laquelle il relate la vie de la 5e compagnie et affirme "tâcher de faire mon devoir". Il y décrit les combats acharnés menés par le 11e Régiment Étranger d'Infanterie, notamment à Inor, où sa compagnie a été durement éprouvée.
27 mai 1940, 20h10 :
"Journée chaude, bagarre depuis 3 h du matin = Closmadeuc tué, Picquard et Brochet blessés. Positions perdues, puis en grande partie reprises. Petit éclat d'obus au bras droit qui me gêne à peine."
À partir du 10 juin 1940, le régiment reçoit l’ordre de se replier sur la Woëvre, dans la région de Verdun. Le 2e bataillon, auquel appartient la 5e compagnie, a pour mission de couvrir le retrait des troupes françaises en servant d’arrière-garde. Ce même jour, Louis Lanchon écrit une dernière lettre à sa femme :
10 juin 1940, lundi 21h10 :
"Il fait encore jour ! Quel triste jour ! Magne légèrement blessé. Nous partons... Hélas ! vers l'arrière ! dans quelques instants, pour nous regrouper plus loin, pour le combat suprême.
Metman était nommé sous-lieutenant à la date du 1er juin. Il a été tué le 26 mai.
Priez pour que je sois digne de toi, de vous tous et toutes, de notre France éternelle, de tous ceux qui nous ont précédés sur cette noble terre, et du titre de chrétien. Que Dieu soutienne ma bonne volonté.
Je t'embrasse, ma chérie, de tout mon cœur.
Je vous embrasse tous : les Parents, les sœurs, la bonne tante, les cousins, cousines, les neveux, nièces et mes gosses que je bénis.
Ton Louis."
18 juin 1940 : le dernier combat
Lors des combats à Saint-Germain-sur-Meuse, le 2e bataillon se sacrifie pour permettre au reste du régiment de se replier. Ce jour-là, le 11e R.E.I. subit des pertes lourdes, avec près des trois-quarts de ses effectifs décimés.
Louis Lanchon, frappé par un obus, est tué au combat. De sa compagnie, qui comptait 200 hommes au 24 mai, seuls 24 sont encore en état de combattre à la fin de la journée du 18 juin. La 5e compagnie avait déjà perdu près d’un tiers de ses effectifs lors des combats du bois d’Inor.
Jusqu’au dernier moment, Louis Lanchon demeure fidèle à ses valeurs : le dévouement à sa famille, la responsabilité envers les hommes placés sous son commandement, et la conviction profonde de remplir son devoir.
Extrait de sa lettre du 15 novembre 1939 :
"Et si je reviens [...] tu seras fière de ton petit homme et lui aura conscience du devoir accompli.
[...] En ce qui me concerne, me sentant retenu vers l’arrière, si je décide de partir à mon tour vers l’avant, c’est parce que je sens nettement mon devoir de ce côté, sans aucun doute possible. Quand on fait son devoir, on ne doit rien redouter."
sources principales:
- Archives familiales : un grand merci aux membres de sa famille en particulier à sa fille Geneviève, à L. Aubrais son arrière petit fils
- Journal officiel de la République française. Lois et décrets
- Fiche matricule, archives de Paris
- Dossier chevalier de la Légion d’honneur côte 19800035/23/2968
- René Luce Coupin, Vainqueurs quand même, le 11è de la Légion étrangère au feu (1939-1940)
- JMO du 11è REI et Témoignage Lieutenant Chevillotte : SHD Vincennes côte 34N316
- SHD Vincennes GR 8YE 38982
voir aussi sur la 5è compagnie:
Metman Henry
Effectif de la 5è compagnie
Commentaires
JABOUILLE VINCENT 10-11-2021 09:06
Merci pour l'envoi de ce document. Il m'a appris comment rédiger une fiche historique. Texte personnel parsemé de documents officiels. Le capitaine Lanchon a été tué le même jour que mon père ( 18 juin 1940), le lieutenant André Jabouille à quelques kilomètres l'un de l'autre.