11è REI, résistant déporté
Victor Chiron est né le 29 mars 1897 et décédé le 11 juin 1950 à Angers. Il était directeur d'école.
Il était le fils d'Henri Dominique Chiron (1871-1948) et d'Eulalie Forestier (1873-1967). Il se marie le 8 août 1921 avec Madeleine Marie Renée Albert (1900-1985) et ils ont une fille, Rolande Chiron.
De la classe 1917, Henri Chiron est affecté le 19 janvier 1916. Il est dirigé vers le 9e bataillon du 66e Régiment d'Infanterie (RI) le 9 octobre 1916 et est nommé caporal le 16 novembre 1917.
Blessé le 19 juillet 1917 au chemin des Dames, il est cité à l'ordre du régiment (n°86 du 28 août 1917) : « Blessé le 19 juillet 1917 en se portant courageusement à la contre-attaque. Soldat très énergique, d'une humeur exemplaire. » Après son évacuation, il rejoint l'armée le 3 septembre 1917.
Nommé sergent le 26 août 1918, puis aspirant le 26 septembre 1918, Henri rejoint de nouveau le 66e RI le 25 octobre 1918. Il devient sous-lieutenant le 15 juin 1919.
Démobilisé le 29 septembre 1919, il est affecté dans la réserve au 135e RI. Il est promu lieutenant de réserve le 15 janvier 1926, puis capitaine de réserve le 25 décembre 1938.
Ancien combattant et blessé de guerre de la Première Guerre mondiale, Henri Chiron devient instituteur à son retour en Anjou, au Puiset-Doré, puis directeur du groupe scolaire Bodinier.
Il est rappelé à l'activité le 28 août 1939 et affecté au dépôt de la Légion étrangère de Sathonay le 11 septembre 1939.
Dirigé vers la Valbonne, il est affecté au 11e Régiment Étranger d'Infanterie (REI) le 1er novembre 1939, où il commande la compagnie hors rang (CHR).
Il est fait prisonnier au bois d'Ochey le 23 juin 1940, puis transféré dès le lendemain au lycée Raymond Poincaré de Nancy. En octobre, il est transféré en Allemagne à l'Oflag VI A à Soest.
Henri Chiron est rapatrié le 16 août 1941 en tant qu'ancien combattant et démobilisé le 21 août 1941.
De retour en France, il entre dans le réseau de résistance ELEUTHERE, rattaché à Libération Nord, où il est chargé de la transmission d'informations aux forces de la France Libre (SHD Vincennes, GR 16 P 128894).
Arrêté dans sa classe le 10 février 1944, il est incarcéré au Pré-Pigeon, puis déporté au départ de Compiègne le 6 avril 1944.
Effectif recensé : 1 489 hommes
Matricules extrêmes : 61851 - 63336
Evadés durant le transport : 5 (0,4 %)
Décédés et disparus en déportation : 763 (51,2 %)
Rentrés de déportation : 667 (44,8 %)
Situations non-connues : 54 (3,6 %)
Le 6 avril 1944, vers 7 heures, 1 489 hommes quittent le camp d’internement et de transit de Royallieu (Frontstalag 122) près de Compiègne. Après avoir traversé la ville en silence et par rang de cinq, ils arrivent vers 8 heures à la gare de Compiègne, située à plus d’un kilomètre du camp. Un train les attend, composé d’une douzaine de wagons à bestiaux, encadrés par un wagon de voyageurs pour l'escorte militaire allemande, et deux wagons plate-forme équipés de mitrailleuses. Devant chaque wagon, les Allemands forment des groupes d’environ 80 hommes, attendant en silence l’ordre d’y monter.
Ce transport du 6 avril est le dernier et le plus important parmi les quatre convois directs allant de Compiègne à Mauthausen en 1943 et 1944.
Vers 10 heures, le train quitte Compiègne pour la gare de Mauthausen en Autriche, avec un arrêt de près de trois heures en gare de Reims, où les déportés griffonnent des messages sur des bouts de papier qu’ils jettent à travers les interstices des wagons, espérant que les cheminots les transmettent.
Le voyage est éprouvant : trois jours et deux nuits dans des wagons où les déportés sont entassés, sans nourriture et dans le froid. Malgré les menaces de représailles en cas de tentative d’évasion, plusieurs déportés, principalement les plus jeunes, tentent de s’évader en déchaussant le plancher. Cinq d’entre eux y parviennent. Dans la nuit du 6 au 7 avril, à Novéant, tous les déportés sont éjectés de leurs wagons, doivent se déshabiller et leurs vêtements sont entassés dans deux wagons vides. Ils continuent le voyage dans des conditions horribles, à 120 par wagon, dans une odeur pestilentielle.
En gare de Würzburg, quelques infirmières de la Croix-Rouge allemande leur donnent à boire.
Le 8 avril, vers 17 heures, le train arrive à Mauthausen, où les déportés sont accueillis par des SS et des chiens. Ils doivent se vêtir hâtivement de vêtements trouvés sur le quai, puis marchent vers le camp, encadrés tous les dix mètres par les SS et leurs chiens, traversant le village dans un silence lugubre. Une ambulance ramasse les morts du train, les invalides et les traînards. L'arrivée au camp a lieu vers 19 heures. Après un long comptage qui dure toute la nuit, vers 5 heures du matin, les déportés sont sommés de se déshabiller puis d’entrer dans la salle des douches.
Parmi ces déportés, on compte principalement des résistants, des otages, des communistes et quelques criminels de droit commun, venus de toutes les régions de France. La majorité d’entre eux ont été arrêtés entre novembre 1943 et mars 1944, soit lors de tentatives de franchissement de la frontière espagnole, soit comme otages lors de rafles de représailles, soit dans le cadre de démantèlements de réseaux ou de maquis.
Plus de la moitié des déportés de ce transport sont transférés au Kommando de Melk, près de 300 vers celui de Gusen, mais ils restent rattachés au KL Mauthausen.
Henri Chiron arrive à Mauthausen le 8 avril 1944, où il reçoit le matricule 62154. Il est affecté dans différentes parties du complexe concentrationnaire au fil des mois :
MELK : le 21 avril 1944
CAMP CENTRAL : le 5 mai 1944
LOIBL PASS : le 25 août 1944
CAMP CENTRAL : le 17 novembre 1944
Le 3 décembre 1944, il est transféré à Auschwitz, où il reste jusqu'au 22 janvier 1945. À cette date, il est envoyé à Buchenwald.
Au début du mois d'avril 1945, alors que l'armée américaine se rapproche, les Allemands commencent à évacuer environ un tiers des prisonniers du camp principal de Buchenwald ainsi que des camps satellites. Nombre d'entre eux meurent d'épuisement en route ou sont abattus par les SS.
Henri Chiron fait partie d'un groupe de prisonniers évacués lors d'une ultime marche forcée vers la ville de Pösing. Le 23 avril 1945, ce groupe est libéré par une division blindée américaine qui rejoignait la colonne évacuée depuis Buchenwald. Henri Chiron est retrouvé sur une route en Bavière, marquant la fin de son calvaire.
Henri Chiron, revenu des camps très affaibli, décède des suites de sa captivité le 11 juin 1950.
Par décret du 20 mars 1949, Henri Chiron est fait chevalier de la Légion d'honneur.
Depuis 1959, une école porte le nom d'Henri Chiron, située avenue Pasteur à Angers, en hommage à son engagement et à son sacrifice durant la Seconde Guerre mondiale.
Sources principales;
- Emmanuel Chiron, https://gw.geneanet.org/echiron?lang=fr&pz=abel&nz=chiron&ocz=1&p=rolande&n=chiron
- https://collections.arolsen-archives.org/en/archive/5670520/?p=1&s=chiron&doc_id=5670521
- https://www.archinoe.fr/v2/ad49/visualiseur/matricule.html?id=490058480
- http://www2.culture.gouv.fr/LH/LH041/PG/FRDAFAN83_OL0529007v001.htm