11è REI, réserviste, sportif
Le légionnaire Buhrer est mentionné dans plusieurs sources relatives au 11e REI. Dans le JMO (Journal de marche et des opérations) du 1er bataillon, on apprend qu'il appartenait à la 1ère compagnie et qu’il a été blessé le 26 mai 1940.
René Coupin le cite également dans son ouvrage Vainqueur quand même (page 96) :
« C'est ainsi que, tout à côté du Capitaine Le Moine, de la première compagnie, mourut, le dos ouvert par un éclat, le caporal-chef Delorme, tandis qu'était blessé son ordonnance, Burher. Peu de temps auparavant, le légionnaire Kiesswatter, l'épaule arrachée par les branches tombant sous l'impact d'un obus contre le tronc, était mort sans prononcer une parole. »
C’est dans les archives du SAMHA (Service des archives médicales et hospitalières des armées) que l’on découvre qu’il s’agit du légionnaire Émile Buhrer, évacué vers l’hôpital d’Ancemont.
Avec son prénom, il devient plus facile d’effectuer des recherches dans le Journal officiel, la presse ancienne, et les bases généalogiques. Bien qu’un risque d’homonymie subsiste, tout semble indiquer qu’il s’agit d’Émile Buhrer (orthographié avec le "H" avant le "R"), né le 27 septembre 1908 à Heilbronn, en Allemagne. Il était le fils de Gustav Adolf Buhrer et d’Ernestine Luise Gentner.
En 1932, Émile Buhrer n’est plus légionnaire. Il réside en Moselle et pratique le football au Cercle Athlétique Messin (CAM). Des articles de presse datant de 1934 rappellent qu’il avait été sélectionné pour représenter l’Afrique du Nord et le Maroc.
Cette période coïncide avec un tournant majeur pour le football en France : l’introduction du professionnalisme et la création du championnat de France de football en 1932. Buhrer évolue donc dans un contexte où le football français est en pleine transformation, passant d’un statut amateur à une organisation professionnelle structurée.
En avril 1932, la section football du Cercle Athlétique Messin (CAM) est remaniée pour donner naissance au FC Metz. Émile Buhrer devient alors le moniteur chargé de superviser tous les entraînements quotidiens, avant d’être remplacé par le futur entraîneur officiel du club. Obtenant son statut professionnel, le FC Metz se renforce en recrutant plusieurs joueurs étrangers pour la première saison officielle de la toute nouvelle première division nationale.
Sous l’impulsion de Lucien Poinsignon, secrétaire général du club, le FC Metz engage notamment deux anciens légionnaires allemands, Joseph Becker, attaquant, et Émile Buhrer, milieu de terrain, tous deux issus du CAM.
Le premier match professionnel de l’histoire du FC Metz se joue le 11 septembre 1932, au Stade Saint-Symphorien, contre le Stade Rennais. Pour cette rencontre inaugurale, le club avait recruté Bubi Sold, une vedette internationale allemande originaire de la Sarre. Toutefois, la veille du match, Sold disparaît mystérieusement, semble-t-il enlevé par des émissaires allemands. Il ne jouera jamais pour Metz et poursuivra sa carrière en Allemagne.
Dans l’urgence, c’est Émile Buhrer qui prend sa place pour ce premier match historique. Bien que l’équipe peine en ce début de championnat, elle célèbre sa première victoire officielle à domicile le 16 octobre 1932, lors de la cinquième journée, en battant Montpellier 2-1.
Malgré cette victoire, la saison reste difficile pour le FC Metz, qui termine neuvième et avant-dernier de son groupe. Cette position entraîne sa relégation en deuxième division.
Les Messins, en blanc, posent pour la postérité aux côtés des joueurs du Stade Rennais. Ce 11 septembre 1932, sur la pelouse du stade Saint-Symphorien le FC Metz lance officiellement son aventure dans le football professionnel. 1er à droite Buhrer
Équipe du FC Metz en mars 1933
(Haut de gauche à droite ): Mirka, Boè, Hauswirth, Thomas, Schmitt, Traver, Steyskal, Ekerlen
(Bas, de gauche à droite): Fosset, Rohrbacher, Buhrer, André, Freiberger
Le 24 décembre 1932, Émile Buhrer épouse Sophie Weinz à Longeville-lès-Metz. En parallèle de sa carrière de joueur, il gère également le bistrot Weinz-Buhrer, situé rue du Canal, où il est possible d’acheter des bons de pronostics pour les matchs de football.
Son contrat avec le FC Metz est renouvelé, mais sa nationalité allemande limite sa participation à certains matchs de l’équipe première. En 1933, en plus de ses activités de joueur et de bistrotier, il entraîne l’équipe d’Hagondange. Il est naturalisé français par décret le 11 mai 1933, ce qui lève les restrictions liées à sa nationalité.
De 1934 à 1936, il reste dans l’effectif du FC Metz, mais n’est pas titulaire à chaque rencontre.
En 1936, des rumeurs de changement de club concernant Émile Buhrer commencent à circuler. Pendant la trêve sportive, le FC Metz lui propose deux contrats : un contrat de joueur à 690 francs par mois et un autre comme directeur des vestiaires à 500 francs par mois. Finalement, le FC Metz décide de céder Émile Buhrer à l’US Valenciennes Anzin pour la somme de 8 000 francs.
À Valenciennes, il retrouve deux anciens coéquipiers : Gottwald, également transféré du FC Metz, et Pierre Fabian.
Émile Buhrer effectue sa dernière saison en 1937/1938. À l’issue de cette saison, l’US Valenciennes est reléguée en deuxième division. Buhrer met alors un terme à sa carrière de joueur en 1938.
En septembre 1939, Émile Buhrer est mobilisé dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale. Il rejoint alors le centre mobilisateur de la Légion étrangère situé à Sathonay.
Sources prinicpales:
- René Luce Coupin, vainqueur quand même
- Archives du 11è REI à Aubagne et archives du SAMHA
- articles de presses: gallica, Presse lorraine https://kiosque.limedia.fr/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Emile_Buhrer
- US Valenciennes: https://vafc-story.pagesperso-orange.fr/historiquepage/page14.html